La main à plume

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Le Curé de Tours d’Honoré de Balzac

29 novembre 2007 · Aucun commentaire

L’abbé Birotteau est le personnage principal de cette histoire qui se passe en 1826 à Tours. C’est un petit homme âgé de soixante ans. Il ambitionne la place de chanoine au chapitre métropolitain de Saint Gatien et est presque assuré de sa nomination. Il loge chez une vieille fille nommée Mlle Gamard qui a l’habitude de loger des prêtres. Etre le pensionnaire de Mlle Gamard et devenir chanoine avaient été les deux grandes affaires de sa vie. L’abbé Birotteau a succédé à l’abbé Chapeloud au logis de Mlle Gamard qui héberge aussi le secret abbé Troubert. Depuis des années Birotteau a envié Chapeloud de posséder de beaux meubles et une belle bibliothèque. Au fil du temps l’abbé Chapeloud a réussi à rendre coquet son appartement qui est honnêtement décoré. Cet abbé a su deviner la convoitise de Birotteau, convoitise qu’il combattait avec une sorte de naïveté sincère et dont il faisait presque un péché. Mais Chapeloud a promis quelques jours avant sa mort à son ami qu’il aurait son appartement ainsi que sa bibliothèque et ses meubles. Il a rapporté à Birotteau que le confort dont il jouissait chez Mlle Gamard était supérieur à celui dont pouvait jouir l’évêque : il n’a jamais manqué de rien, la table était excellente et le linge parfumé à l’iris.

Le bonheur du pauvre abbé Biroteau va être de courte durée et sa situation va bientôt se dégrader. Au retour d’une soirée chez Madame de Listomère, une vieille dame chez qui il passait la soirée le mercredi, alors qu’il pleut et qu’il est mouillé, il a la mauvaise surprise que personne ne vienne lui ouvrir après ses coups de sonnette. La bonne Marianne lui dit que Mademoiselle aura cru qu’il n’était pas sorti et qu’elle ne fait que ce qu’on lui dit de faire. En réalité la situation qu’il découvre ce soir là, à savoir qu’il n’a pas de feu dans sa chambre, que son bougeoir et ses pantoufles ne sont pas où ils devraient être, il se souvient qu’elle dure depuis quinze jours. Son bonheur et les petits soins dont il était l’objet n’ont duré que dix-huit mois. Le vicaire reconnaît un peu tard les signes d’une persécution sourde exercée sur lui depuis environ trois mois. La situation se dégrade de plus en plus jusqu’à ce que le bon abbé comprenne qu’en réalité celui qui tire les ficelles n’est autre que l’abbé Troubert, lui aussi logé chez Mlle Gamard, mais de manière beaucoup plus austère Ce dont il va s’apercevoir encore c’est que le perfide abbé ne cherche rien d’autre que de prendre sa place. Naïf, l’abbé Birotteau fait montre de maladresses à l’endroit de Mlle Gamard dont il a dérangé les habitudes despotiques. Involontairement, il a contrarié la prétention qu’elle avait d’attirer chez elle une société choisie, ce à quoi elle n’est pas parvenue. Le lendemain du jour où Mlle Gamard pour ainsi dire avait déclaré la guerre au pauvre Birotteau, l’abbé Troubert vient lui rendre visite, moins en réalité pour lui donner des marques d’amitié que pour s’informer de ses intentions en ce qui concerne sa promotion possible au poste de chanoine.

L’abbé Birotteau croit pouvoir éteindre la haine que Mlle Gamard lui porte en allant passer une dizaine de jours à la campagne chez Madame de Listomère. Or, un avocat chargé des affaires de la vieille fille vient le trouver et parle de l’intention où il est de ne plus résider chez sa logeuse, comme l’atteste son absence de la maison. Il apparaît évident aux invités de Madame de Listomère à qui Birotteau s’est ouvert de ses ennuis que l’abbé Troubert veut son logement. Un peu plus tard il semble aussi à ces invités que cet abbé est bien mieux placé que Birotteau pour devenir chanoine. On va donc lui suggérer une sorte de marché donnant-donnant : le poste de chanoine étant plus intéressant, il abandonnerait son logis en échange de la charge de chanoine. Lors de la seconde visite de l’avocat il est cette fois question d’un écrit qui constate son retrait. Le pauvre Birotteau est éploré puisque cela signifierait son agrément à ne plus habiter la demeure confortable de Mlle Gamard. Mal conseillé Birotteau va perdre non seulement le logis qu’il avait tant désiré mais aussi ses meubles et ses livres qui reviendront légalement à Troubert. Il ne sera pas non plus chanoine et, pis que tout, il sera relégué dans un presbytère éloigné, froid et humide. Les appuis de Birotteau dans la bonne société tourangelle ne lui seront d’aucune utilité parce que la Congrégation qui soutient Troubert fera pression à Paris sur un de ses partisans. La société de Madame de Listomère sera contrainte de cesser toute aide à l’abbé. L’abbé Troubert est nommé vicaire général à la place de celui qui est mort quelques jours auparavant. Dans un dialogue qui met face à face Mme de Listomère et le vicaire général Troubert, Balzac s’amuse à présenter dans ce duel où ils s’affrontent, à la fois ce qu’ils disent et ce qu’ils pensent dans leur for intérieur, pour laisser le lecteur juger avec ironie du décalage hypocrite entre les mots et les pensées. Le testament fait par Mlle Gamard, ouvert après sa mort, révèle qu’elle a fait de Troubert son légataire universel. Birotteau est nommé curé de Saint-Symphorien un faubourg de Tours situé au-delà du pont de mille neuf cents pieds de long. C’est un exil affreux pour lui. Cinq mois plus tard le vicaire général est nommé évêque. Le testament de Madame Listomère où elle laissait quinze cent francs de rente à l’abbé Birotteau est attaqué par le baron de Listomère sous prétexte de captation. Le pauvre prêtre s’en trouve donc dépouillé.

La fin de l’histoire montre l’évêque de Troyes au moment où il vient en chaise de poste le long du quai de Saint-Symphorien lançant sur sa victime un regard de mépris et de pitié. « Ce pauvre prêtre frappé par son archevêque était pâle et maigre. Le chagrin, empreint dans tous les traits, décomposait entièrement ce visage qui jadis était si doucement gai. La maladie jetait sur ces yeux, naïvement animés, autrefois par les plaisirs de la bonne chère et dénués d’idées pesantes, un voile qui simulait une pensée. Ce n’était plus que le squelette du Birotteau qui roulait, un an auparavant, si vide mais si content, à travers le Cloître. »

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